De la recherche scientifique aux expositions d’arts entre la Guadeloupe, son île de naissance, et le Canada, son pays d’adoption, Michelle Martineau s’impose comme l’une des figures intellectuelles prometteuses, spécialisée en Sciences Politique. Détentrice d’une maîtrise en Droit public et d’une maitrise en Science politique, l’artiste-chercheuse fonde Identités Caraïbes, un « blog dédié à la question identitaire, nationale et ethnique dans la région Caraïbe » en pleine crise Covid (2020).

Puisque l’Art c’est aussi son domaine de prédilection, l’on retrouve son empreinte artistique autant sur les cover de la Fundacion Lüvo (organisation canado-colombienne féministe) que sur les Balados du Caped (collectif de recherche universitaire).

Il y a deux ans, Michelle, désormais chroniqueuse régulière à Néo Québec, nous accordait un entretien inédit.

(Début de l’entretien)

NEG : Dis nous Michelle, qui es tu ?

Michelle Martineau : Je me considère comme une femme noire caribéenne de nationalité française, issue d’une famille métissée rassemblant des origines africaines, indiennes, scandinaves, européennes : un véritable melting pot ! Mon rapport avec la Guadeloupe a évolué au fil des années. Il est vrai qu’au départ, lorsque j’ai pris la décision de quitter la Guadeloupe, je n’ai pas eu de regrets (j’en ai d’ailleurs toujours pas jusqu’à ce jour). Il était important pour moi, à un moment donné, de partir pour voir ce qui se passe ailleurs. Montréal a toujours été LA destination, je ne me l’explique pas.

Au début, j’étais très détachée de ce qui se passait comme si en quittant la Guadeloupe, je laissais tout : mon histoire, mon identité. Mais à la deuxième année de maitrise en science politique, je ressentais le besoin de parler de mon ile (d’un point de vue politique, sociétal et identitaire). La question de l’indépendance m’a toujours fascinée notamment grâce aux nombreuses discussions avec mes parents et mon frère. C’est au fil de la rédaction que je ressentais un besoin profond de me rattacher à mon île, même en étant à plus de 5 000 kilomètres. Il devenait essentiel pour moi de parler de la Guadeloupe, de son histoire, de ses maux et de casser cette vision idyllique et paradisiaque que les non-Caribéens peuvent avoir sur la région.

© Focus Studio Montreal, Julie Soto

Tu as fondé le blog Identités Caraïbes, l’un des rares sites dédiés à la géopolitique de la Caraïbe. Pour qui et pourquoi ?  

M :  J’écris principalement pour le grand public, les non-universitaires, le peuple ordinaire. Je veux vulgariser au maximum des recherches scientifiques qui sont généralement peu accessibles (et peu compréhensible) à cette tranche de la population.  Je me rendais compte au fil des discussions avec ma famille et mes amis proches qu’ils ne connaissaient pas certains évènements qui ont pourtant marqué l’histoire de la Caraïbe : cela passe par le massacre de 1937 en Haïti, l’invasion américaine à la Grenade en 1983, comment les Indiens sont arrivés en Guadeloupe, etc.  Autant d’évènements marquants, mais peu connus du grand public. Vulgariser l’histoire est essentiel à mon sens dans la construction identitaire de tout un chacun.  Hormis les raisons académiques, c’est une motivation personnelle qui m’a amené à créer ce blog.  La mère a été adoptée à l’âge de 5 ans (suite à la mort de sa mère – ma grand-mère – lorsqu’elle avait 3 ans) mais connaît très peu l’histoire de sa famille, de ses ancêtres.  Ce manque, ce vide identitaire m’a énormément marqué étant jeune. Parce que ma mère, malgré son âge et sa réussite professionnelle et familiale, ressent toujours ce manque de ne pas avoir pu connaître ses grands-parents, d’avoir été orpheline de mère et de père, de ne pas connaître ses origines, de  ne  pas  avoir  eu une  construction identitaire au complet.

Certaines de tes recherches portent sur la créolisation.  Explique-nous ce concept ?

M : La  créolisation, concept littéraire, est synonyme d’hybridation culturelle. En gros, c’est la rencontre de plusieurs cultures ; de cette rencontre.  il y  a  destruction  de  ces  cultures  pour créer,  au  final,  une  seule  et  unique culture.  La créolisation va au-delà des différences, ethniques, raciales, identitaires.  Je me suis intéressée à ce concept, car j’avais remarqué une utilisation des fins politiques dans le but de créer une identité collective : c’était le cas de  Trinité-et-Tobago en processus de décolonisation.

D’ailleurs, d’un point de vue académique, la littérature caribéenne  anglophone  a  étudié  en long et en large le concept dans une perspective sociologique,  anthropologique,  littéraire  (bien sûr)  et  politique.  Je parle des travaux d’Edward Brathwaite, de Nigel  Bolland,  d’Orlando Patterson,  etc.  Aux Antilles françaises, on fait référence à Édouard Glissant  (ou  encore  à Raphaël  Confiant,  Jean  Bernabé  et  Patrick Chamoiseau pour le concept de créolité – produit fini de la créolisation). 

La littérature caribéenne francophone reste toutefois timide face à  ce  concept  notamment dans le politique. C’est d’ailleurs cette différence de traitement qui m’a interpellée, mais aussi de comprendre pourquoi la créolisation avait autant de mal à s’établir dans le politique à la fois en Guadeloupe et à Trinité-et-Tobago. 

Lors de ton étude, as-tu noté des similitudes ou différences entre la société trinidadienne et la société guadeloupéenne ?  

M :   Il est certes que nous partageons une histoire commune avec Trinité-et-Tobago :  la colonisation. D’ailleurs, la nation insulaire a été pour un temps, sous domination française durant les années 1600 avant de passer sous domination espagnole puis anglaise. Toutefois, les différences sont d’ordre historique (impérialisme) et institutionnel. En effet, l’impérialisme français régit la gestion administrative et politique de ses colonies, notamment en Guadeloupe dans une perspective paternaliste. Peu de place est accordée à une gestion autonome de l’île.  En revanche, l’impérialisme britannique est marqué par le « self-government où les élites locales ont la possibilité de prendre des décisions tant sur le plan politique qu’administratif sans avoir l’aval  du  centre. D’ailleurs, cette différence historique amène à une autre :  une différence institutionnelle. Trinité-et-Tobago deviendra une nation insulaire caribéenne indépendante le 31 août 1962 tandis que la Guadeloupe prend un chemin inverse :  elle renforcera sa  relation  avec  la  France  en devenant  le  19  mars  1946  un  département français  d’outre-mer.  C’est une situation étonnante sachant que la majorité des territoires colonisés africains, asiatiques  et  caribéens empruntait le chemin de l’indépendance. 

Ton mémoire de maîtrise s’intitule « Décolonisation et Indépendance : le nationalisme et la départementalisation en Guadeloupe de 1950 à 1990 ». Quel a été l’aboutissement de cette recherche ?

M : La question nationale guadeloupéenne est quelque chose qui m’a toujours intriguée. Comme je le disais précédemment, j’ai eu de très longues discussions sur cette période charnière de l’histoire de la Guadeloupe qui ne nous a pas, malheureusement, été inculquée à l’école.  Il était important pour moi de comprendre ce qui s’est passé durant les années 1950-1990, pourquoi il y a une différence entre les Antilles anglophone et francophone, pourquoi le débat autour de la  question  identitaire  continue d’animer la population  et les politiciens.   Il a fallu pour cela que je que je fasse un retour historique notamment sur la révolution de 1802 (autre événement historique peu connu du grand public) : c’est d’ailleurs à cette période (et non pas durant les années 1950) que l’on voit apparaître le premier mouvement indépendantiste.  Une fois le cadrage historique établi, je me suis concentré sur les évènements de mai 1967 considérés comme un « massacre » par le rapport Stora de 2016 : c’est à ce moment-là que le mouvement indépendantiste-nationaliste prend forme.  Il ne s’agit plus uniquement de se détacher administrativement de la France, mais de marquer une différence culturelle et identitaire face au centre.  J’ai complété la collecte de données par des entrevues où j’ai eu la possibilité de m’entretenir avec Raymond Gama, Élie Domota et Luc Reinette.  La rencontre de ces trois personnalités fut essentielle pour comprendre la complexité qui se dégage autour de la question nationale en Guadeloupe, mais aussi et surtout la question identitaire. Je termine mon mémoire en tentant de comprendre quelles sont les raisons qui expliquent l’affaiblissement du mouvement indépendantiste : selon Luc Reinette, le cyclone Hugo qui a ravagé la Guadeloupe en 1989 a permis une sorte de  réactivation  de l’attachement de la Guadeloupe à la France notamment avec une aide massive et rapide de l’Hexagone. Toutefois, la littérature existante ne donne pas de précision pour expliquer  ce constat.  Certes, la lutte armée n’est plus présente, mais l’idéologie l’est. On peut le voir notamment avec la place du syndicalisme dans le mouvement indépendantiste.

Il te semble important d’explorer toutes les problématiques liées à la colonisation et la décolonisation ? 

M : Inconsciemment, vivre à Montréal m’a rapproché de mon île.  Comme je le mentionnais plus tôt, je trouve très surprenant le manque d’intérêt académique sur la région. Il y a tant de choses à apprendre sur la Caraïbe que ça soit d’un point de vue politique, sociologique, anthropologique, mais aussi au niveau géopolitique.  Surtout, étudier la Caraïbe en situation postcoloniale revient à s’interroger sur la place de la Caraïbe à l’ère de la modernité et son rapport étroit avec la colonisation.  Mais cela permet également de constater que le schéma classique « postcolonialisme = décolonisation = indépendance » n’a pas la même résonnance pour certaines iles de la Caraïbe : on parle plutôt de décolonisation par intégration où, pour  le  cas  de  Porto  Rico,  les Antilles néerlandaises et françaises. Il s’agit de renforcer les relations avec le centre pour des raisons  économiques,  politiques  et stratégiques. Cet aspect mérite une attention particulière notamment au regard de la littérature francophone sur la décolonisation.  Nous, chercheuses guadeloupéennes, avons toutes des aspirations et désirs différents, indépendamment de nos intérêts  de recherche. Faire rayonner la Guadeloupe (et la Caraïbe) est quelque chose qui nous anime, qui nous motive  dans  nos  recherches  et  ce, peu importe l’endroit où l’on se trouve.

 D’un point de vue historique et politique, que dis-tu de cette vague de contestations  de notre société antillaise ?  

M :   À mon sens, il est clair qu’il y a un éveil de  la  conscience  collective.  La  population aspire à connaître son histoire, la vraie. Cette rhétorique  «  Nos  ancêtres  les  Gaulois  »  ne passe plus.  Je  remarque  d’ailleurs  que  la nouvelle génération cherche à comprendre l’histoire derrière ces  personnages controversés qui s’érigent au sein de la place publique,  et  j’en  suis  plus  que  ravie.  Ces vagues de  contestations  poussent  les politiques  publiques  (et  notamment  le pouvoir central) à relancer le débat autour de ces  monuments,  mais  aussi  l’histoire  des Antilles françaises.  Il devient plus que nécessaire de discuter de ces problématiques car, les monuments historiques  sont des  éléments importants  à la  construction  de  la  mémoire  collective. Omettre l’importance de  certaines personnalités au profit d’autres dans, par exemple, l’abolition de l’esclavage est contre-productif.

Dessins, Sans Titre, Michelle Martineau

Tu es aussi une artiste. Est-il possible que l’art et la recherche se fusionnent dans tes créations ?

M L’art  est  un  outil  qui me  permet de  me  déconnecter  du  monde universitaire. De me retrouver avec moi même.  De  me  reconnecter  avec  mes racines, ma culture. D’exprimer de façon explicite  ou  abstraite  certains évènements, émotions, etc.  Décoloniser l’espace artistique, mais aussi  casser  les  dicta  de  la  beauté. Redonner l’humanité et l’authenticité du peuple noir, autrefois souillé  durant l’esclavage, la colonisation et même actuellement en situation postcoloniale.

Qu’est-ce que cela signifie pour toi de créer sur le peuple Noir ? 

M :  Depuis  que  je  porte  un  intérêt particulier  à  la  question  noire, identitaire, mes œuvres s’y transposent. J’accorde une importance primordiale à mettre  en  valeur  l’homme  et  la  femme noire.  Car  nous  sommes  peu représentés dans le monde de l’art (sauf à caractère péjoratif). Inconsciemment,  je  décolonise  le monde  de  l’art  en  utilisant  cet  espace notamment  pour  questionner  la  place de l’homme  et  de la  femme  noire  dans un monde occidentalocentré. 

Dessins, Sans Titre, Michelle Martineau

Quel est donc le rôle de l’artiste-chercheur guadeloupéen dans une société dite postcoloniale ?

M :  À  nouveau,  je  ne  peux  parler  au nom  de  l’ensemble  des  artistes chercheurs  guadeloupéens,  mais  par exemple,  lutter  contre  toute  forme  de sexualisation  du  corps  de  l’homme  et  de la femme noire est important.

Malheureusement,  les  relents  de  la colonisation  ont  créé  des  stéréotypes rendant le corps noir comme un objet de désir  dénué  de  toute  humanité,  d’esprit. Il  est  important  d’aller  à  l’encontre  de cela.  Et  puis,  je  dirais  que  l’aspect spirituel  est  important  et  notamment une  reconnexion  avec  les  pratiques ancestrales, qui se traduit dans le monde de l’art (dance, musique, écrits, poèmes).

NEG : Merci pour cet entretien, Michelle !

(Fin de l’entretien)

Le Mémoire de maîtrise de Michelle s’intitule « Décolonisation et Indépendance : le nationalisme et la départementalisation en Guadeloupe de 1950 à 1990 » et pose ainsi, dès les premières lignes, l’introduction de sa réflexion :

« Indépendance: jamais ce mot n’a provoqué autant de débats, confrontations et autres depuis des décennies traversant la France métropolitaine et les Antilles françaises. Jonchés de diverses manifestations tant sur le plan politique que sociale, les Antilles françaises n’ont cessé de connaître, au cours de ces dernières années de tels évènements socio-politiques venant ainsi bousculer de façon significative la vie politique française et antillaise. L’apparition des mouvements indépendantistes n’est plus qu’une question de temps. Les années 1950 voient l’apparition des premiers mouvements nationalistes (étant sous la forme d’associations étudiantes basées à Paris) très critiques de l’action du gouvernement français envers ses anciennes colonies. Elles dénoncent notamment une pratique coloniale encore exercée selon eux alors que le statut des anciennes colonies a évolué en 1946.

Dans cette vague de décolonisation que connaissent les anciennes colonies africaines et asiatiques, les Antilles françaises tenteront le tout pour le tout pour, eux aussi, permettre le passage des anciennes colonies vers la liberté c’est-à-dire l’indépendance. À travers ce processus de décolonisation et indépendance aux Antilles françaises, c’est toute la question identitaire et aussi le nationalisme qui est mis en lumière… »

Plus loin, dans la section intitulée La revendication identitaire dans le paysage politique antillais, Michelle Martineau poursuit :

« … Au fil des années, la contestation face aux méfaits de la départementalisation trouve de plus en plus écho auprès de la population, mais surtout auprès des politiques et intellectuels. En ce qui concerne l’espace politique antillais, la revendication identitaire se développe suite au vote de la loi de 1946. De plus en plus de partis politiques locaux réclament 63 une autonomisation des territoires guadeloupéens et martiniquais faisant ainsi face aux indépendantistes et aux défenseurs de l’assimilation (rattachement des Antilles françaises à la France) (Daniel, 2002). Dans cette vague identitaire que connaît le paysage politique antillais, la question de la citoyenneté entre en jeu : peut-on parler [pour la population antillaise] d’une citoyenneté française ou d’une citoyenneté antillaise ? Cette citoyenneté française pourrait-elle faire obstruction à l’identité autochtone des Antillais ? En s’appuyant sur les écrits de Justin Daniel, il semble que la citoyenneté française et de surcroit la colonisation ait un impact sans précédent dans l’affirmation de l’identité antillaise et plus particulièrement son identité culturelle. L’ « essoufflement républicain » se fait ainsi ressentir dans l’espace politique antillais (Daniel, 2002).

Cette citoyenneté française, liée à l’assimilation, est sans conteste un élément supplémentaire dans la fusion totale des Antillais dans la vie politique, sociale, économique et culturelle de la France (Bangou, 1997). Il est clair que les Antillais sont imprégnés de la culture française dès les premiers jours de la colonisation aux Antilles, mais une obstruction totale de l’identité autochtone semble de plus en plus les desservir : les contestations des années 1950 en Guadeloupe et Martinique remettent au goût du jour cette situation particulière définissant le paysage politique français et antillais. Les groupes nationalistes30 s’appuieront sur cette problématique pour construire leur argumentaire qui aura une résonnance sans précédente durant les années 1950-1990. La vie politique antillaise se retrouve dans une vague de chamboulement durant les années 1980 où de nombreux partis indépendantistes verront le jour comme le MIM31 en Martinique. Le jacobinisme32 bien connu aux Antilles françaises finit par perdre son souffle pour un discours souverainiste antillais allant même parfois jusqu’à l’indépendance. Les élites politiques de droite commencent à changer de discours, ne se ralliant plus automatiquement aux discours des partis politiques métropolitains, mais adoptant une vision territoriale, plus inclusive (Daniel, 2002). La vie politique locale s’étend de plus en plus, se détachant progressivement d’un discours universel français tentant d’appliquer le même mode de pensée et de valeurs aux Antilles françaises sans prendre en compte la spécificité de la Guadeloupe et de la Martinique : l’on cherche désormais le renforcement du pouvoir local (Daniel, 2002).

Cette notion de citoyenneté nous amène à plusieurs réflexions : la citoyenneté renvoie à la question identitaire; cette question identitaire étant nécessaire au bon fonctionnement et à l’harmonie d’un peuple. Or, cette citoyenneté française ne semble se défaire de l’identité antillaise. Au contraire, sans cette citoyenneté française, l’identité antillaise ne semble résister (Bangou, 1997). Cette citoyenneté française confère des droits : la liberté individuelle en est un exemple.

On constate une certaine complexité autour de cette question identitaire et la notion de citoyenneté : il est clair que la Constitution du 4 octobre 1958 ainsi que d’autres traités et convention ( comme celle du traité de Rome de 1957) confère des droits aux Antillais, mais les inscrits également dans un principe de transnationalité. Ce principe détermina l’apparition progressive des mouvements indépendantistes tant en Afrique, en Amérique qu’en Asie dans l’optique de lutter face au colonisateur européen. Par ce principe, il s’agit de faire valoir le droit à l’autodétermination des peuples soumis à la colonisation : ce droit est « reconnu comme légitime, moralement et politiquement » (Schnapper, 2001). En effet, la France étant une nation multiculturelle, différentes diasporas s’y trouvent. Le cas antillais illustre bien la complexité autour de la question identitaire. Cette diaspora (issue en majorité de l’Afrique), vient« remettre en cause l’allégeance nationale» que l’État-nation, à savoir la France, a instauré durant des siècles. Ainsi, il y a création « d’espaces sociaux échappant au contrôle politique venant ainsi troubler l’unité culturelle voulue par l’État-nation (Schnapper, 2001).

En accordant une citoyenneté antillaise (guadeloupéenne ou martiniquaise), la reconnaissance tant au niveau « éthique, géographique, culturel et politique » lui serait attribuée (Bangou, 1997). Mais dans les faits, les Antilles françaises possèdent-elles véritablement ces attributions ? Il serait surtout essentiel, par cette reconnaissance, une avancée supplémentaire dans le droit à l’autodétermination du peuple guadeloupéen et martiniquais que recherchent de nombreux politiques locaux y compris Aimé Césaire (Bangou, 1997). En addition de cette revendication identitaire auprès des élites politiques, le monde intellectuel semble s’être emparé également de cette vague de contestation. »

Pour aller plus loin et lire le Mémoire de maitrise de Michelle Martineau :

Martineau, Michelle E. J. « Décolonisation et indépendance : le nationalisme et la départementalisation en Guadeloupe de 1950 à 1990 ». Mémoire de Maitrise de science politique, Université du Québec à Montréal, 2018. https://archipel.uqam.ca/12280/1/M15863.pdf

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