Cette revue spéciale naît dans un contexte hors du commun, en pleine crise sociale, alors que l’affaire dite « des Grands frères » de Guadeloupe révèle une incohérence du système carcéral et une asphyxie du système judiciaire mis en place sur nos territoires. Ici, se rencontrent des voix issues de territoires (anciennement colonisés),de milieux divers, de réalités sociales divergentes, de sensibilités diverses. Des hommes de professions différentes. Des hommes de langages différents. Des hommes se définissant hommes, et d’autres rejetant cette définition. Parmi eux, des pères de famille, des militants, des travailleurs, des intellectuels, des penseurs, des artistes, des prisonniers politiques, et ils ont tous en commun une chose que l’on ne peut nier : la liberté d’écrire.
Ici, entre l’intime et l’estime, se meurt une textothèque authentique, une mémoire littéraire combinant des écrits de tous genres : poésie, essais, pensées, portraits, extraits de mémoires et textes de rap.
Que nous disent ces hommes durant le Men’s Health Awareness month, mois de la sensibilisation de la santé des Hommes dans les sociétés anglophones? Depuis les années 1952 où les travaux de Frantz Fanon, psychiatre militant, ont été publiés, nous connaissons le lien étroit entre le colonialisme et la prédominance des troubles de santé mentale au sein de la communauté noire, et surtout chez les Hommes « antillais ». C’est un sujet que nous éludons, tant la loi d’Omerta se prélasse sur nos acquis, alors que développer ce sujet serait pourtant favorable à une émancipation du peuple noir et une résolution de certaines problématiques que nous rencontrons : rapports de violence, absence des figures paternelles, santé mentale, autocensure, estime de soi, mémoire collective, troubles identitaires… Désormais, il faut s’attaquer à tous ces aspects d’une colonialité qui persiste à s’enterrer dans nos foyers, au sein de nos relations, à conditionner nos rapports, et à museler notre vision d’un monde libre.
A vos lectures !