Lorsque l’Art et la Science font l’Amour et la Révolte.

Bienvenue sur notre Rubrique Entretiens qui donne la parole aux plus conscencieux et conscencieuses !

Ce mois-ci, nous nous entretenons avec Vanille Naime, fondatrice du Cabinet Hoya. Ingénieure, Artiste, Poétesse guadeloupéenne, Vanille est de retour au péyi après un long parcours à l’étranger. Notre discussion nous a permis de revenir sur l’ Art, la Science, la Poésie, les problématiques liées à la race et à la condition féminine en situation postcoloniale. Un échange nouveau et même différent, sous un angle plus spirituel et libre.

NEG / Bonjour Vanille, peux-tu te présenter à nos lecteurs ?

Vanille Naime / Bonjour. Je suis Vanille, je partage cette expérience de vie depuis 28 ans. Aujourd’hui, j’exerce les professions d’ingénieure de procédés biomédicaux, thérapeute, artiste poétesse, entrepreneuse. Je suis née en Guadeloupe, la couleur de ma peau Acajou résulte de mes origines indiennes, afrodescendantes et européennes. J’ai vécu pendant dix ans au Canada. Je suis maintenant en Guadeloupe. De ce fait, mon identité est en perpétuelle évolution.

Justement, comment définis-tu l’identité (ou les identités)? Tu te définis comme une indo-guadeloupéenne ? Une afro-indienne ?

V / Mon identité inclut autant mes origines, que les cultures qui m’imprègnent et mes expériences. Me définir comme indo-guadeloupéenne ou afro-indienne, évincent une partie de mon identité, aujourd’hui. Je suis plus que ça. L’identité inclut mon passé jusqu’à hier. C’est important pour moi, de connaître les vies qui me composent, mon Essence pour mieux inscrire mon essence dans ce courant de vie. (sourire).

(Sourire) Lart est présent, chez toi, sous plusieurs formes : la peinture, la Science, la poésie. Vanille, qu’est-ce que l’Art pour toi ?

V / L’art est pour moi une fréquence, un état énergétique d’Amour pur, fécond, qui se décline dans tout vivant disposé à le voir. Il est inutile de chercher l’art dans un objet, ou un support externe. L’ Art est dans la perception d’un élément externe par un être vivant. C’est donc en nous, interne. L’ art vit par les sens et les émotions.

Parle moi d’une de tes œuvres, et de ce qu’elle signifie pour toi...

V / Je vais te parler de Sang Noir. Ce tableau, je l’ai peint avec beaucoup de douleurs, de colère, quelques semaines après la mort de George Floyd. Je vivais seule, à Montréal, au début du confinement, en burn-out sans le savoir encore. J’ai essayé tous les moyens à ma disposition pour libérer ma colère, ma honte. Seul l’art par la peinture m’a sorti de cette noyade autour du mouvement. J’ai partagé sur Instagram le processus de création. J’expliquais que j’ai demandé à la vendeuse de la peinture rouge, couleur Sang ; jusque-là tout va bien. Puis je lui ai demandé, quel rouge était le plus ressemblant au Sang des Noirs. Elle était bouleversée. Mon œuvre a commencé à ce moment.

J’ai représenté plusieurs flaques de sang, à peine séchées, qu’une nouvelle se dépose par dessus. Puis la tâche de sang la plus récente, je l’ai appliqué avec une seringue, et j’ai partagé le processus par vidéo. J’ai choisi l’abstrait pour que toutes personnes s’interrogent sur le tableau avant de connaître son titre. J’ai commenté mon tableau à l’époque ainsi : L’art abstrait révèle souvent des émotions d’apaisement. On peut choisir de voir ce que l’on veut et nier le reste. Ce tableau et pour faire mal. Je n’ai jamais eu pour intention vous faire voir des papillons. Je l’ai appelé Sang Noir, parce qu’apparemment, certains voient une hiérarchie de sang d’une couleur de peau à une autre. J’ai hâte aux conversations autour de ce tableau, quand vos invités vous dirons “on dirait du sang. Et j’ai hâte au malaise quand vous leur préciserez que c’est du sang noir. Parce que dans l’Art la couleur du Sang est subitement universelle ? Vous vouliez être la victime ? Il se pourrait qu’aujourd’hui vous soyez le meurtrier. Maintenant j’accuse votre silence. Je suis artiviste et la révolte.

Ça me fait du bien encore aujourd’hui de me relire (rires) !

Je n’ai pas les mots, même si je l’avais déjà vu ton œuvre. C’est un message très puissant ! Puisque nous parlons de Sang Noir, quel lien fais-tu entre l’identité et la création ?

V / Il n’y a pas de processus créatif sans identité. L’identité est dans l’alpha de la création, dans le mode opératoire, le choix du support, la finesse et la brutalité dans la manipulation de la matière choisie. Par la je pense, autant à la Création Divine, que la Création Humaine ( fait par un humain).

Vanille Naime
Sang Noir, 2020
Photo : permission de l’artiste

J’ai l’impression que tu ne t’enfermes pas dans un courant artistique et que tu suis ton propre mouvement. Tu te sens libre ?

V / Je me sens libre. J’ai choisi d’être libre, donc je dois parfois me reconstruire sous un courant de liberté. Je me sens libre, c’est ce qui compte non ?

Celle-ci est une question que l’on pose aux gens de Lettres, et qui semble banale. Pourtant, c’est une question qui excite les papilles : Pourquoi écrire ?

V / Je crois que chaque humain ”exprime” différents langages. Je n’ai pas le chant, mais j’ai les mots écrits. (rires) Écrire c’est être, c’est aussi ‘j’ai été’. Écrire c’est se jouer du Temps…sur Terre. J’écris pour exprimer par les yeux, par un autre sens. J’écris pour être libre, pour voyager. En écrivant, je crée un monde, et je l’imprègne dans celui-ci, et je change de voix, en utilisant la voix du lecteur/lectrice. La majorité de mes textes ne sera certainement jamais lu, puisqu’ils sont pour moi et que parfois, je ne les relis pas ! J’écris pour partager mon identité sous un autre support que mon physique. J’écris pour suivre ma route, laisser des marqueurs, pour l’assurance de toujours me retrouver. Enfin, je partage l’écriture parce que j’aime l’idée de passer d’un vivant à un autre.

Je redonne aux femmes le contrôle sur nos corps, par les sensations, le rythme, la cadence. Il s’agit d’une danse des mots sur nos corps.

Chez toi, la Poésie et la Science se rencontrent, s’entremêlent, coexistent. On associe justement la méthode scientifique à la méthode de versification de la poésie.. (Sourire) La poésie est-ce donc un “lieu-espace” ?

V / L’art a pour ambition de faire ressentir et plaire au lieu de faire comprendre. On ne demande pas pourquoi dans l’art. En sciences, on ne fait que ça. L’ art va s’adresser à la charge émotionnelle, tandis que la Science l’interroge. Moi qui suis très sensible à l’art et à l’innovation scientifique, je vois une complétude évidente entre les deux. Je définis la Science comme la recherche du Beau, et la Poésie comme une perception du Beau. Là où s’arrête la Science, continue la Poésie.

Puis on ne peut pas retirer au poète la rigueur et l’interrogation sur son sujet, de même que pour le Scientifique. On peut construire un poème sous une formule mathématique et écrire un phénomène astronomique par une poésie. T’ai-je déjà parlé de l’explosion d’une étoile ? (Rires)

En te lisant, nous effleurons la sexualité, la sapiosexualité, l’intimité, les relations humaines ; les multiples aspects de ta sensibilité. En tant que Femme, l’écriture poétique a-t-elle permis une émancipation ?

V / Absolument. J’aime écrire pour la femme, ce que ressent la femme. Je crois que nous devons reprendre ce droit. En écrivant, je m’exprime selon le langage des femmes, extrêmement instinctif, nourricier et fort. L’écriture poétique me permet de jouer avec tout cela, en étant crûment sensible. J’ai le sentiment de reprendre mes droits, comme si cet art nous avait été volé… Quoi de plus poétique qu’une énergie sacrée féminine ? Je me sens forte dans ces nuances vulnérables.

N’est-ce pas une manière de se réapproprier la parole ? Le corps ? L’identité sexuelle?

V / Nous sommes submergés de représentations féminines artistiques, sous un regard masculin. Et je trouve qu’on effleure la puissance féminine… Alors oui, je reprends ce qui m’a toujours appartenu, sous une forme littéraire qui, par définition, me correspond. Je redonne aux femmes le contrôle sur nos corps, par les sensations, le rythme, la cadence. Il s’agit d’une danse des mots sur nos corps.

Ça a été dur de se mettre à nu par l’écriture ?

V / J’écris depuis que j’ai 8 ans. Je me souviens avoir écrit des histoires et de les avoir cachées. Ce qui me gênait à cette époque était le fait de construire, puis partager quelque chose qui venait complètement de moi, sans consigne. En grandissant, l’écriture a été un refuge. Parfois, je me sens plus confortable dans l’écriture. J’ai commencé à partager quelques pensées, par écrit, sur les réseaux sociaux et naturellement, mes phrases répondent en prose. Et lentement, j’introduis quelques écrits plus intimes. Le plus difficile c’est le lâcher prise sur la manière que sera lu les textes, le choix de cadences. Parfois je lis mes textes pour donner le rythme (aux lecteurs et lectrices). Enfin, je dirai que se mettre à nu dans l’écriture est facile, le partager est plus sensible.

Il est certain quen écriture, le regard de l’autre et les rapports d’altérité rentrent en jeu ! Des Femmes caribéennes ont écrit, peint, exprimé leur désirs, leurs émotions, leurs vérités avant Nous. Là, je pense à Ida Flaubert qui, comme Toi, offrait une littérature sensible, libératrice, plurielle… As-tu des références à nous partager ?

V / Quand je pense à l’expression poétique d’une femme caribéenne, mon cœur crie Christiane Taubira. Elle n’écrit pas la poésie, elle l’exprime constamment au rythme d’une biguine, comme le faisait Moune de Rivel, artiste peintre, chanteuse, activiste, d’origine Guadeloupéenne.

Finalement, être poétesse et artiste Noire – si je puis dire – en contexte post-esclavagiste c’est…..

V / Un honneur de participer à la fois à la déconstruction d’un système mais aussi à la reconstruction de ce qui suit. J’aime inspirer, déranger, laisser planer mon parfum ou apporter ma couleur. Je me sens puissante.

Pourquoi revenir en Guadeloupe ? Je n’aime pas poser cette question, parce que j’y réponds moi-même ” Pourquoi pas ?” (Rires) Mais, j’aimerais que tu me confies tout ce qui a motivé ce retour.

V / (Rires) Plusieurs raisons m’ont motivé et me motivent. Toutes viennent du cœur. Je respecte les cycles de ma vie. Dix ans à l’étranger c’est un sacré cycle qui aboutissait. J’avais une mission de vie en quittant Guadeloupe, et je l’ai accompli brillamment. Je suis rentrée pour d’autres missions, pour d’autres cycles. Je prends plaisir à aider les humains à apprécier cette vie. Pour rester dans cet alignement, j’avais besoin de rentrer chez moi, pour moi, et ensuite pour les autres. Je veux aussi nourrir la Terre, je n’étais pas en mesure de faire cela dans ce cycle au Canada.

Cette réponse me parle beaucoup ! Finalement, c’est un désir de participer à la vie intellectuelle, scientifique, artistique de l’île ?

V / Oui ! Ce désir, je le porterai partout où j’irai, d’autant plus sur les Terres de peuples noirs. J’aime partager. Cet échange vient naturellement avec qui veut l’entendre. Je suis honorée d’être incluse dans des discussions qui influencent l’île. D’ailleurs, Merci NEG !

Justement, le milieu intellectuel énonce souvent l’idée du Retour de l’intelligentsia comme utile à l’émancipation collective guadeloupéenne. Dis moi ce que tu en penses, toi..

V / Mon point de vue, avant et après mon retour en Guadeloupe, sur ce sujet a changé. Le Retour de l’intelligentsia n’est utile que si un travail d’éducation est offert. Mon savoir n’a aucune saveur si je ne partage pas les pourquoi de certaines de mes affirmations. Et je dois parfois revenir aux bases.

Sur certains sujets, l’île vit dans une peur enrobée de colère, et je comprends. Dans les domaines où j’ai une expertise, je prends plaisir à éduquer. De cette façon seulement, je me sens utile à l’émancipation collective guadeloupéenne.

Les prévisions de l’INSEE ont fait écho à ce problème d’exportation des jeunes potentiels, ( la fuite de l’intelligentsia) vers d’autres pays.. Est-ce que tu as eu l’impression de devoir partir pour réussir ?

V / Pour moi, réussir dépend intrinsèquement des personnes qui m’entourent et de ce que je veux. Est ce que cette perception du monde que m’offre ces personnes m’élève, me nourrit, m’interroge, me construit, me guide ? Est ce que je suis en mesure d’atteindre mon objectif avec les connaissances qui sont disponibles autour de moi ? Si oui, se déplacer aussi longtemps pour les études n’est pas nécessaire. Si non, je dois chercher ces connaissances ailleurs, sous d’autres formats, sous d’autres cultures. Parfois, dans cette quête, nous empruntons des chemins sans pont vers les îles…

Il y a un travail émotionnel à faire sur la réussite dans les îles. Ce pouvoir a trop souvent été assimilé au vol, à l’abus, à la malhonnêteté. Il est temps de remettre ce pouvoir aux bonnes personnes.

Il faut normaliser la Réussite noire. Cette phrase, tu l’as écrit sous un post IG de @retouraupéyi . C’est un commentaire que j’ai retenu, parce qu’il m’a rappelé tous les aspects liés au fait de réussir aux Antilles. Comment normaliser cette réussite ?

V / Il y a selon moi plusieurs approches possibles. Cette notion d’éducation revient. Dans ce contexte, je faisais référence à une réussite sociale et monétaire dans ce système. On a le droit d’être Noir et riche financièrement. On a le droit d’être Noir et d’être un pilier pour la société. On a le droit de réussir.

J’en profite pour demander à l’Élite Noire de s’assumer. J’ai besoin de modèles de femmes riches, noires, puissantes, qui me ressemblent et qui assument leur statut social, leur pouvoir. Sinon, comment allons-nous déranger ? J’aimerais lire ces femmes et ces hommes. En 2021, quand on est Noir, Il faut assumer ce devoir qui accompagne le succès. Il y a un travail émotionnel à faire sur la réussite dans les îles. Ce pouvoir a trop souvent été assimilé au vol, à l’abus, à la malhonnêteté. Il est temps de remettre ce pouvoir aux bonnes personnes.

Quelles ont été tes appréhensions avant de quitter le Québec ? D’ailleurs, qu’est-ce que tu retiens de l’expérience canadienne ?

V / Je me suis préparée pendant 2 ans. Il y a 2 ans, mon retour en Guadeloupe aurait été un désastre. Avant de partir, j’avais peur de ne pas être stimulée intellectuellement sur l’île. J’avais peur de perdre ma liberté, et pourtant je ne me sentais pas libre à Montréal ! Je ne suis plus cette personne anxieuse. J’ai arrêté de me poser toutes ces questions inutiles, pour me concentrer sur ma mission de vie et mes valeurs. De ce point de vue, le choix était vite fait, tout était beaucoup plus simple. Je m’adapte, je réajuste, comme j’ai fait il y a 10 ans, et tout se passe très bien.

J’ai adoré cette étape de ma vie. Je suis devenue adulte au Québec. Il y a les études, mais mes expériences personnelles, mes doutes, mes victoires, mon art, mes rencontres m’ont construit une force incroyable. J’ai laissé à jamais mes traces au Canada. Guadeloupéen(e)s, partagez cette fierté avec moi ! Nous sommes sur les murs de la faculté de Sciences et Génie de l’Université Laval ! Dire que je suis partie faire des études est réducteur, ma mission était bien plus grande, et c’est une victoire !

J’ai voulu terminer l’entretien sur des questions que l’on pose généralement au début. Je ne souhaitais pas te figer sur l’ étiquette Ingénieure, en sachant que tu es multipotentielle. Je voulais que ton profil artistique soit mis en avant, sans être écrasé par ton profil scientifique.

(Sourire ) Maintenant, parlons un peu plus du métier d’Ingénieure de procédés chimiques. Ça consiste en quoi ? Pourquoi ce domaine précisément ?

V / Je te remercie pour cette attention, je te remercie de m’écouter dans mon entièreté. L’ingénieure de procédés chimiques est en charge de l’application de la chimie et la physique dans l’industrie, dans tous les secteurs : énergie, alimentaire, pâtes et papiers, pharmaceutique, environnemental… Je suis aussi spécialisée en procédés biomédicaux. L’ingénieure biomédicale est experte dans l’innovation technologique chimique et physique qui accompagne la médecine, et/ou experte de la réponse du processus chimique et physique dans le corps. En gros, elle est experte dans la machinerie externe comme les équipements, ou la machinerie médicamenteuse dans le corps. (J’ai essayé de faire simple).

J’ai un profil autant scientifique que littéraire. Ni moi, ni la conseillère d’orientation n’étions en mesure de savoir si le droit, la médecine ou le génie me conviendrait le mieux. J’étais entourée d’ingénieurs, mon choix s’est penché pour le génie chimique, qui m’aiderait à avoir ma spécialité en génie biomédical. J’ai une expertise dans un domaine Scientifique et Médical. Je suis dans l’innovation. La combinaison parfaite pour mon esprit créatif et cartésien.

Décrit ainsi, le métier fait rêver ! Je suis impressionnée ! Les entreprises recrutent de plus en plus des ingénieurs de procédés chimiques, non ?

V / Oui, as-tu vu le désordre chimique que les générations avant moi ont fait dans le monde ? Pétrole, Plastique, tout ce système industriel. Il faut maintenant des ingénieurs chimiques pour tenter de rebalancer tout ça. (Rires). L’ingénieure chimique est sollicitée dans tous les domaines industriels et médicaux. Il faut maintenant aligner nos valeurs avec notre emploi pour une carrière plus épanouie. C’est là que ça devient délicat… Jusqu’où va t-on et avec quelle éthique ?

Tu as travaillé dans un milieu essentiellement masculin, hétéronormatif, peu diversifié (races, cultures) au Québec. L’OIQ estime qu’il reste encore beaucoup d’efforts à faire contre le racisme et le sexisme. Comment vivre l’expérience féminine dans un milieu qui entretient encore des pouvoirs de domination?

V / Chaque femme ingénieure, en fonction de l’entreprise et sa sensibilité, vit une expérience différente. Pour ma part, c’était challengeant. Jeune Femme Noire qui négocie des projets à millions, c’était lourd. Les femmes ingénieures étaient rares, les femmes noires ? Nous étions 2 dans l’entreprise d’ingénieries la mieux notée au Canada. Je devais justifier mon savoir, mon potentiel à mes collègues, et à mes clients !

À cela, s’ajoutent les micro agressions ou les agressions verbales directement. Dans ce milieu, j’ai du me battre souvent. J’ai souvent eu des discussions avec le Président de la compagnie, qui comprenait ma réalité. J’ai été l’initiatrice et Directrice du Comité de Diversité de l’entreprise en plus de mon post d’ingénieure. J’ai fait ce que je pouvais faire, et de mon mieux. Après un burn-out et dépression de plusieurs mois, j’ai quitté cette entreprise. Il y a beaucoup de travail à faire. On se sent seule sans aucun mentor qui nous ressemble. Je suis heureuse d’avoir construit tout cela avant de partir, et d’avoir été un exemple pour les autres femmes noires qui me succéderont.

Et nous savons que des exemples de Femmes qui ont réussi, il n’en manque pas. Le tout est de les mettre en lumière. Maintenant, pourrais-tu parler du projet professionnel, qui t’as le plus inspiré ?

V / À ma dernière année universitaire, j’ai participé en équipe à un concours universitaire à Sacramento, San Francisco. Nous devions dépolluer une eau contaminée avec une liste d’objets que nous pourrions trouver suite à un ouragan. Mise en scène typique des Caraïbes. Inutile de te dire comment ce projet me tenait à cœur ! Pendant des mois, nous avons travaillé, testé, chronométré. Je me souviens de conseils, que j’ai partagé à l’équipe, qui nous ont été cruciaux au moment de l’épreuve. Nous étions la seule université canadienne face aux universités américaines et chinoises. L’eau une fois traitée, a été testé pour s’assurer de sa potabilité. Nous avons reportés le concours avec brio ! J’étais tellement fière d’avoir représenté le Canada avec une équipe incroyable pour un projet Caribéen !

Tu as représenté autant le Canada que la Guadeloupe ! Est-ce un métier que tu continues d’exercer en Guadeloupe ? Il y a des opportunités ?

V / J’exerce en tant qu’ingénieure biomédical et thérapeute dans mon cabinet, le Cabinet Hoya. Je ne suis pas une âme “salariable”. ( Rires) Je partage donc directement mon expertise avec mes patients, sans me restreindre à la médecine allopathique. La manière que j’exerce est novatrice en Guadeloupe. De ce fait, je ne sais pas s’il y a des opportunités en tant que salariés et dans les autres secteurs du génie chimique en Guadeloupe.

Comment imagines-tu ta vie personnelle et professionnelle au péyi, dans une dizaine d’années ?

V / Dans une dizaine d’années, je serai parmi ces femmes noires influentes pour l’île. Je ne garantis pas être en Guadeloupe, mais je travaillerai encore avec mon île, les îles. J’ai l’opportunité de pouvoir travailler dans différents secteurs, autant dans l’industrie que la recherche avec l’ingénierie, et l’Art. Je suis impatiente pouvoir en parler plus ! Puis ma vie personnelle, sera encore personnelle (rires).

NEG / (Rires) Vanille, merci infiniment pour cet échange. J’en ressors, à la fois touchée et reboostée. Nous avons su explorer de manière plus intime ton glorieux parcours et ta personnalité. Merci d’œuvrer à ta manière pour cette future générations de Femmes Noires. Merci de normaliser cette Réussite antillaise, merci d’en témoigner ! Je te souhaite du succès, et de la passion dans tout ce que tu réalises.

Merci Tessa, Merci à NEG. Cette échange a fait du bien à mon âme. J’ai pris plaisir dans la torture de certaines questions (Rires), et dans la profondeur et le respect de cette discussion. Me savoir dans le NEG me rend fière. Je souhaite à toute l’équipe, le succès que vous méritez. Nous avons besoin de vous.

Pour suivre Vanille Naime et le Cabinet Hoya

%d blogueurs aiment cette page :